Niché au cœur de la Montagne Noire, le petit village de Citou, dans l’Aude, abrite une légende aussi ancienne que poétique : celle des Naïades de la source de la Doux, deux entités féminines mystérieuses qui peuplaient autrefois les rives de l’Argent-Double.
Deux sœurs, deux esprits de l’eau
On raconte qu’au-dessus de l’Argent-Double, non loin de Citou, vivaient deux sœurs aux charmes opposés : l’une blonde comme les blés, l’autre brune comme l’écorce des vieux chênes. Elles n’étaient pas humaines, mais des Naïades, ces nymphes antiques liées aux eaux vives, venues s’abreuver régulièrement à la source de la Doux, cachée dans un écrin de verdure et protégée par les arbres.
Leur présence bienveillante assurait la paix dans la vallée… jusqu’au jour où la guerre s’invita dans leur monde.
L’invasion et le sacrifice
Lorsqu’un groupe de barbares dévasta la région, les sœurs se réfugièrent dans leur grotte. Mais l’amour bouleverse toujours le destin : apercevant son bien-aimé blessé près de la fontaine, la Naïade blonde défia le danger pour le sauver. Elle le ramena dans leur abri, mais le sang versé guida les envahisseurs jusqu’à l’entrée de la caverne.
La Naïade brune, en protectrice farouche, tenta de les repousser. Devant leur indifférence à son avertissement, elle fit s’effondrer la voûte de la grotte, ensevelissant les barbares… mais aussi sa sœur et l’homme qu’elle aimait.
Depuis, on dit que l’on entend encore les pleurs portés par le vent, et que la source s’est tue ce jour-là.
Symbolique cachée : le mythe sous la légende
Cette légende, à la croisée du merveilleux et du sacré, semble porter la trace d’un conflit ancestral : celui entre croyances païennes et influences chrétiennes. Les Naïades — héritières des cultes antiques de l’eau — pourraient représenter les anciennes divinités de la nature, confrontées à la brutalité d’un monde nouveau, venu écraser les traditions anciennes. La source qui cesse de couler devient alors un symbole puissant : celui d’une foi disparue, engloutie sous les décombres de l’histoire.
Une source vivante… et capricieuse
Et pourtant, la source de la Doux coule toujours ! Située à environ quatre kilomètres au sud de Citou, au bord de l’Argent-Double, elle possède une particularité fascinante : son débit est intermittent.
Selon le Cartulaire de Mahul (1857–1882), elle suit un cycle mystérieux de flux et de reflux toutes les douze heures, débutant vers 16h pour s’arrêter autour de 4h du matin. En hiver, elle se montre plus généreuse, triplant presque le volume de ses eaux. Ce comportement étrange a probablement renforcé l’idée que des forces surnaturelles y étaient à l’œuvre.
Vestiges d’un culte ancien ?
La grotte au-dessus de la source a révélé des fragments de poterie ancienne, preuve qu’elle fut occupée ou visitée depuis l’Antiquité. Ce n’est pas un hasard : dans de nombreux folklores européens, les fées, nymphes et autres dames de l’eau sont associées à des lieux chargés d’histoire et de culte. Ces sites sont souvent à la fois sacrés et mystérieux, ancrés dans les rites oubliés de nos ancêtres.
Pourquoi visiter la source de la Doux ?
Pour les amoureux de nature, de mystère et d’ésotérisme, le site est un lieu de pèlerinage idéal. Entre légende, géologie et énergie tellurique, la source de la Doux est un lieu chargé, propice à la méditation et à la connexion avec les forces de la nature.
Site officiel de la Mairie de Citou : https://www.citou.fr/
Cet article est inspiré du livre « L’Aude Mystérieuse – Légendes, Lieux Hantés & étranges » de Marjorie Falguera – Editions TDO
