En Écosse, au XVIe siècle, les sorcières ne portaient pas de chapeaux pointus. Elles vivaient parmi les leurs, guérissaient les malades, accouchaient les femmes… jusqu’au jour où leurs savoirs devinrent dangereux. Agnes Sampson, surnommée la « Wise Wife of Keith », fut l’une d’elles. Et l’une des plus injustement persécutées.
Une guérisseuse respectée
Agnes Sampson était une femme instruite, sage-femme, guérisseuse et conseillère spirituelle. Dans sa région, elle était respectée pour ses soins à base de plantes, ses prières, et ses talents pour deviner l’issue de maladies ou de conflits. Elle était ce qu’on appelait alors une « cunning woman », femme rusée, dotée de savoirs anciens.
Mais en 1590, tout bascule.
Les chasses aux sorcières de North Berwick
Sous l’influence du roi Jacques VI, fasciné par la sorcellerie et convaincu que des tempêtes magiques avaient été lancées contre lui, des enquêtes sont lancées. L’affaire de North Berwick devient une véritable chasse aux sorcières.
Agnes est arrêtée, accusée d’avoir participé à un sabbat maléfique où elle aurait comploté la mort du roi. Sous la torture, elle « avoue » des actes absurdes : s’être envolée nue avec d’autres sorcières, avoir invoqué le Diable, et lancé des malédictions sur les vents. On lui rase les cheveux, on la déshabille, on cherche la « marque du diable » sur son corps.
Le procès et l’exécution
Le roi en personne assiste à son interrogatoire. Malgré sa sagesse, malgré son innocence, Agnes Sampson est condamnée. En janvier 1591, elle est étranglée, puis brûlée sur le bûcher à Édimbourg.
Elle meurt en silence, la tête haute. Ce jour-là, l’Écosse brûle une femme de savoir.
Une mémoire sacrée
Aujourd’hui, Agnes Sampson est honorée comme une martyre du savoir féminin, une femme accusée pour avoir trop su, trop soigné, trop parlé. Son esprit est évoqué dans les cercles ésotériques et célébré lors des sabbats comme un guide, une protectrice et une résistante.
Lors du Sabbat des Sorcières, son nom sera honnoré avec respect, comme un rappel que la lumière des sorcières veille encore, malgré les siècles.