L’histoire des procès en sorcellerie est marquée par des figures tragiques, et l’une des plus intrigantes est celle de Katharina Kepler, mère du célèbre astronome Johannes Kepler. Accusée de sorcellerie en 1615 dans le Saint-Empire romain germanique, son procès révèle les tensions entre la science et la superstition à une époque où les connaissances astronomiques effrayaient encore l’Église et les autorités locales.
Les Origines de l’Affaire
Katharina Kepler était une femme de caractère, connue pour son franc-parler et son savoir en médecine populaire. En 1615, une querelle de voisinage dans la ville de Leonberg tourne au drame : une femme du village l’accuse d’avoir jeté un sort qui lui aurait causé des douleurs inexplicables. Ces accusations prennent rapidement de l’ampleur, et plusieurs témoins viennent soutenir cette version en attribuant divers malheurs à Katharina.
Dans un contexte où la chasse aux sorcières battait son plein, une simple rumeur pouvait suffire à envoyer une femme au bûcher. De nombreuses accusations de sorcellerie reposaient sur des conflits personnels ou des jalousies, et Katharina, veuve et indépendante, correspondait au profil typique des victimes de ces procès.
Un Procès d’une Rare Intensité
Les autorités locales décident d’ouvrir une enquête officielle. Katharina est arrêtée et emprisonnée. La procédure est particulièrement brutale : elle est soumise à des interrogatoires répétés, menacée de torture et humiliée publiquement. Ses accusateurs avancent des témoignages absurdes, affirmant l’avoir vue chevaucher un bouc démoniaque ou préparer des potions maléfiques.
C’est alors que son fils, Johannes Kepler, astronome reconnu à la cour impériale, décide d’intervenir. Pendant six ans, il se bat sans relâche pour prouver l’innocence de sa mère. Grâce à ses efforts, il parvient à faire invalider les preuves, dénonçant l’absence de fondements scientifiques et juridiques des accusations portées contre elle.
En 1621, Katharina Kepler est finalement libérée, mais les années d’emprisonnement et les mauvais traitements l’ont profondément affaiblie. Elle meurt l’année suivante, à l’âge de 75 ans.
Un Symbole de l’Obscurantisme
L’affaire Katharina Kepler illustre parfaitement l’intolérance et la peur irrationnelle qui dominaient l’Europe du XVIIe siècle. Elle met aussi en lumière le rôle crucial de son fils, qui, en défendant sa mère, a contribué à remettre en question certaines pratiques juridiques de l’époque.
Aujourd’hui, son histoire reste un symbole des persécutions dont furent victimes des milliers de femmes accusées de sorcellerie sur la base de superstitions et de règlements de comptes personnels.
